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COOPERATIONS ET ELARGISSEMENT : QUELLES RECONFIGURATIONS PREVOIR POUR LE PROJET EUROPEEN ?

Dès son origine, le fonctionnement de l’UE sollicitait des coopérations (internes et externes) multinationales, bilatérales à différentes échelles impliquant les acteurs économiques, les acteurs publics, les collectivités territoriales et la société civile. Les cadres de ces coopérations et des élargissements successifs de l’UE ont été élaborés dans le contexte des négociations européenes, notamment lors de dificiles discussions autour des traités. Les valeurs, les normes et les règles européennes s’incarnent dans les textes d’accords, dans les résolutions et dans les directives européennes et Traités signés par tous les pays membres. Elles structurent le fonctionnement des ces institutions et le cadre de la vie démocratique en Europe.

            L’émergence des crises actuelles (Brexit, COVID19, crise migratoire, non-respect des règles de l’état de droit, refus de certains pays d’appliquer la Charte Européenne des Droits de l’Homme …) peut s’interpréter comme autant de remises en cause du fonctionnement de l’Union Européenne, mais aussi comme des défis à surmonter par l’élaboration d’un projet européen capable d’affronter la complexité interne de l’Union et la pression d’un contexte international conflictuel. Que reste-t-il de l'idéal européen affirmé dans les traités de 1957, 1992 et 2007 ? Comment "ré-enchanter" le projet commun ? Pourtant l’Union Européenne reste attractive pour de nouveaux candidats. Quelle lecture ceux-ci font-ils des conditions d’intégration dans l’UE au regard de leurs propres projets ?

            Dans cet appel à communication, le réseau ERECO-PGV[1] souhaite tirer un bilan des coopérations mises en œuvre par et dans l’Union Européenne et interroger les formes concrètes qu’elles ont prises. Il s’agit de porter un regard sur les coopérations internes entre acteurs économiques, politiques et citoyens de l’UE à différentes échelles, mais aussi sur les coopérations externes (politiques de voisinage, politiques extérieures et collaborations avec les institutions internationales de type ONU, OTAN, OCDE, OMC etc. Dresser un bilan, c’est repenser le projet européen à l’aune des défis d’aujourd’hui.

 

À travers leurs contributions scientifiques nous invitons les auteurs à participer à l’élaboration d’un nouveau projet européen et nous nous engageons à publier leurs textes, notamment dans la revue Managament&Gouvernance éditée par le réseau ERECO-PGV[2], mais aussi dans le journal Iustinianus primus law review[3] Les propositions attendues peuvent porter sur des analyses comparées et pluridisciplinaires qui se structurent autour de trois axes.

 

Sociétés et vie démocratique  

L’universalisme des droits humains est une valeur suprême de l’Union européenne affichée dans la Charte Européenne des Droits de l’Homme. L’Europe est-elle en capacité de la faire respecter par l’ensemble de ses membres ? Comment ce texte est-il mobilisé lors de débats et conflits qui portent sur le respect de droits des populations minoritaires (Populations ROM, réfugiés, personnes LGBT, droits des femmes…) qui témoignent aussi bien de l’engagement des citoyens en faveur de son respect, que du refus de la part de certains acteurs politiques (états, collectivités) à l’appliquer.

            Après plus de 60 ans d’existence de l’UE peut-on parler d’identité européenne ? Quelles sont ses formes embryonnaires ? Où s’expriment-elles ? S’agit-il seulement d’une réalité narrative, affirmée dans les discours et les textes fondateurs de l’UE ? Les échanges culturels et universitaires contribuent-ils à la construction de cette identité comme fait vécu? En même temps, la notion de citoyenneté européenne doit être interrogée au regard des conditions d’accueil des migrants et surtout, au moment où des mouvements sociaux extrémistes et nationalistes (dits justement identitaires) très actifs s’expriment au sein de nombreux pays d’Europe.

            Quels rôles jouent les mouvements sociaux et citoyens européens dans la structuration des nouveaux enjeux dont l’Union doit répondre dans son nouveau projet destiné à incarner son idéal ? Quelles sont les problématiques portées par ces mouvements, comment se font-ils entendre ? Le fonctionnement institutionnel de l’UE est-il en adéquation avec ces enjeux ?

 

Territoires

Au niveau de l’UE, tous  les pays membres sont des territoires mais on peut aussi analyser des coopérations entre communes, régions etc., sans oublier le développement localisé qui réduit la pauvreté et l’exclusion dans les territoires, permet de contrecarrer certaines régressions idéologiques, réduire les peurs qui limitent l’accueil de l’autre (migrants, population ROM, personnes LGBT…) et ouvrir la possibilité de coopérations à différentes échelles.

            Toutefois, sous la pression des évènements et des autorités européennes, depuis la Covid19, les nouvelles formes de coopération et de dynamique ont vu le jour à l’échelle des territoires européens. De nouveaux enjeux territoriaux s’organisent autour de l’environnement et de l’exploitation des ressources naturelles, des déplacements géographiques (structuration des modes et des réseaux de transport), de l’accès aux réseaux digitaux et à la sécurité, sans oublier les problèmes que pose dans certaines régions l’accueil des migrants. Aucun de ces problèmes ne s’arrête aux frontières nationales et régionales et sollicite de nouvelles modalités de concertation (politiques et projets transfrontaliers, décisions d’investissement, co-innovations, politiques de préventions…). Quelles coopérations sont mises en œuvre en Europe à l’échelle des territoires et quels résultats leur mise en œuvre produit-elle pout la reconfiguration de son projet commun ? Quelles solutions territoriales, l’Union européenne pourrait-elle proposer dans une démarche commune ou en donnant appui à des initiatives territoriales singulières ?

            A l’heure où le télétravail s’impose dans l’univers professionnel, où la vie de citoyens confrontés aux problèmes des déserts médicaux et à l’absence de services et de pouvoirs publics accentue les inégalités territoriales. L’équipement digital des territoires représente de nos jours un challenge pour l’Europe. De quels outils dispose-t-on pour faire face à ces problèmes ? Peut-on identifier les bonnes pratiques dans cette matière et les essaimer en Europe ?

 

Entreprises

De par leurs décisions, leurs stratégies, leurs capacités d’innovation, les pratiques des entreprises donnent de la consistance au projet économique européen et à sa puissance dans un environnement mondial très concurrentiel.  Leurs pratiques constituent aussi des éléments clés (à surveiller) du progrès des conditions de vie des travailleurs, donc de la paix en Europe et de la sauvegarde de la planète. Les pratiques de recrutement évoluent au regard du manque de personnes à employer en Europe. Dans ce contexte les politiques d’immigration choisie sont appliquées en peu partout en Europe. Quelles sont les conséquences de ce retournement de tendances et quelles propositions faire pour mettre en adéquation l’offre des entreprises et les compétences des personnes à recruter ?

            L’Europe est-elle capable de répondre aux défis des productions européennes en ce qui concerne la santé, les composants électroniques, l’énergie tout en respectant les normes de protection de l’environnement ? Quels acteurs sont prêts à relever ces défis ? (UE, pays, régions, secteurs économiques…) ? Comment les entreprises répondent-elles à l’urgence climatique  et comment sont-elles accompagnées dans cette direction par les programmes européens ?

            Sous l’influence de la concurrence mondiale, les données économiques changent au rythme de l’évolution de l’offre et de la demande.Les marchés des matières premières voient leurs prix s’envoler sous l’effet de deux phénomènes conjoints : la rareté des biens issus de la Covid19 et la demande de clients d’une production de proximité plus respectueuse de l’environnement et mobilisant des savoir-faire locaux, nationaux ou européens. De quels outils dispose l’UE pour inciter les acteurs économiques de différents pays à coopérer entre eux ? Des initiatives sectorielles apparaissent notamment dans le secteur agro-alimentaire et  dans la production énergétique. Il serait utile d’avoir un panorama des coopérations mises en place, des résultats obtenus à l’issue de ces coopérations et de retenir les bonnes pratiques à développer comme modèle spécifique européen ou comme source de développement de formes de coopération.



[1] https://www.ereco.eu/a-propos-de-ereco-pgv/

[2] A ce jour 25 numéros

[3] Lawreview.pf.ukim.edu.mk

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